Jusqu'au bout d'un rêve

Bonneville... Vous connaissez?
Endroit mythique, magique s'il en est. Moi voilà trente ans que j'y pense , plus tard peut être... Pourtant une nuit de décembre 2009, ce rêve qui me transporte là-bas, au milieu d'Américains passionnés de vitesse, de hot rod et de kustom. Le matin au réveil, j'en parle avec Sylvie qui m'accompagne depuis toujours. C'est décidé en août 2010 , nous irons à la prochaine Speed Week avec notre fils Alan et cette moto que j'ai construite : la Alan Spéciale.

Après plusieurs mésaventures, nous nous retrouvons sur ce lac tant convoité. C'est une semaine pleine de rencontres et de découvertes qui commence.Nous attaquons par le contrôle technique moto et pilote , tout le staff BNI/SCTA est aux petits soins et il semblerait que ma machine les interpelle par son esthétique et son age , du moins pour le moteur.

Pour l'anecdote, j'ai du assembler mon blouson et mon pantalon en cuir avec des rivets pop, car la fermeture Eclair aux yeux des contrôleurs ne semblait pas suffisamment solide en cas de chute . Il a fallu confectionner un carter dans une feuille d'aluminium pour fermer la transmission primaire et cela avec des ciseaux ( la cisaille étant à 9000 kms) donc pas facile!!!

Puis un après midi, après 4 heures d'attente, alors qu'il fait 40° à l'ombre et qu'il n'y a pas d'ombre, ça y est le couloir de sel attendu depuis si longtemps est là droit devant et pendant quelques minutes , il est pour moi tout seul... Le petit Frenchie.

Le starter Dean Spencer s'avance, il me tapote sur l'épaule et me dit à l'oreille : cool man , no stress ! Là il vérifie si tout est ok et signe le sticker rookie ( débutant) apposé sur le casque. Maintenant il faut démarrer la machine qui ne demande que cela, s'exprimer. Pendant que j'essaie un ralenti moteur, je demande à Sylvie d'enclencher la première vitesse au moment du départ.

A cet instant , j'aimerais faire arrêt sur image , mais aussi envie de goûter à cette piste tant désirée. Dean me  fait signe de fermer la visière du casque et dans un geste calme et reposant , il m'indique que la short course m'est ouverte. Les pulsations cardiaques s'accélèrent, c'est le départ. Les balises passent les unes après les autres , tout se déroule normalement, pas de guidonnage, pas de glissade et c'est la fin du deuxième miles. Je coupe les gaz , je me dirige ver les fanions à damiers.
Tout en sortant de mon apnée, maintenant je respire profondément, stoppe mon moteur et attend le crew.
Alan et Sylvie me rejoignent ( émotion). Ca y est , je l'ai fait! Pendant quelques minutes j'ai tutoyé Rollie Free et Burt Munroe à mon allure, bien entendu. Récupération du ticket au timing slips. Vitesse: 55,232 miles/hours restons modeste. Retour au pit pour boire une Bud glacée avec nos potes yankees.

Au total, je n'ai fait que 3 runs, pour économiser ma mécanique qui ne l'oublions pas 80 ans. A l'heure où j'écris ces lignes , je viens de démonter mon haut moteur et sachez que les soupapes d'échappement sont venues rendre visite à le calotte du piston , suite à un dérèglement de la distribution. Rien de bien grave , mais il va falloir mécaniquer.

Merci à l'équipe d'ADN Motos pour le prêt du barnum , très utile sous le soleil de l'Utah au mois d'aout.

Pour finir, un conseil n'allez jamais là-bas, car vous n'aurez qu'une envie , y retourner, c'est la Salt Fever....

Texte: Jean Claude Barrois
Photos : Jean Claude , Sylvie et Alan Barrois

Pour en savoir plus sur la moto de Jean Claude , voici un article que j'avais fait pour Motos-Anglaises.Com
http://www.motos-anglaises.com/motos/bitzas/piste/racer_rudge.html?reload_coolmenus

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